Santé au Bénin : L’ARS lance la charte des droits et devoirs des patients

Santé au Bénin

L’ARS lance la charte des droits et devoirs des patients

L’Autorité de régulation du secteur de la santé (ARS) a procédé, mardi 23 septembre au Bénin Royal Hôtel, à Cotonou, au lancement officiel de la charte des droits et devoirs des patients au Bénin. Cet acte marque une étape importante dans la structuration des rapports entre patients et soignants, et dans la modernisation du système sanitaire national.

Le lancement a été ponctué de témoignages poignants qui ont rappelé la nécessité d’un cadre clair. Une jeune dame, par exemple, a raconté avoir été retenue plusieurs jours dans un hôpital, sans visites ni liberté de sortie, simplement parce qu’elle n’avait pas pu solder ses frais de soins. À l’opposé, un médecin exerçant dans une structure publique a relaté avoir été violemment agressé par les proches d’un patient, mécontents de sa prise en charge. Ces récits illustrent combien les relations entre usagers et prestataires peuvent devenir explosives en l’absence de règles reconnues par tous.

C’est précisément pour prévenir de tels abus que l’ARS, institution indépendante chargée de garantir la qualité, l’efficacité, l’équité et la transparence dans le système de santé béninois, a initié et coordonné ce travail collectif. Le président de l’Autorité, le docteur Lucien Dossou-Gbété, a souligné la portée de ce texte : « La prise en charge sanitaire ne se limite pas à un acte médico-technique. Elle doit instaurer un climat de confiance. La charte pose des obligations pour chaque partie et représente un engagement pour des soins plus sûrs, plus respectueux et plus humains. »

La charte, fruit d’une élaboration participative associant juristes, associations de patients, défenseurs des droits humains et professionnels de santé, consacre des droits essentiels : libre choix du prestataire et de l’établissement, accès équitable aux soins sans discrimination, respect de la dignité, de la vie privée et du consentement éclairé du patient. Elle rappelle aussi les devoirs : adopter une attitude respectueuse envers le personnel et les autres patients, fournir des informations exactes sur son état de santé, alerter en cas de risque pour la santé publique et se conformer aux règles de fonctionnement des structures sanitaires.

Pour l’ARS, cette charte est plus qu’un simple texte : elle devient un outil de dialogue, un référentiel qui arbitre les relations entre patients, soignants et établissements, publics comme privés. Elle incarne le rôle central de l’Autorité, qui se positionne comme garante de l’équilibre et de la qualité dans le secteur, entre usagers, prestataires, État et partenaires techniques et financiers.

La cérémonie a également été marquée par l’intervention de Dieudonné Dagbéto, directeur exécutif d’Amnesty International Bénin, qui a insisté sur la mise du patient « au cœur du dispositif de santé ». Le ministre de la Santé, Benjamin Hounkpatin, a pour sa part salué un « acte fort » qui traduit la volonté du gouvernement d’assurer à chaque Béninois des soins conformes aux normes, en insistant sur la dimension humaine et morale de l’initiative.

Avec ce lancement, l’Autorité de régulation du secteur de la santé confirme sa mission : instaurer une régulation juste, équilibrée et protectrice des droits, afin de rendre le système de soins béninois plus digne, plus sûr et plus efficace.

Rodolphe HOUEBELO